Avec un bandit détenteur de carte de presse, bien qu’il s’agisse d’une fausse carte, il est temps de donner, seulement et uniquement à l’ordre professionnel, le pouvoir de décerner ce document et sans aucune interférence des autres organismes.
Fausse carte de presse utilisée par un vrai criminel
Ragodogodona ou encore Ra-BC. Deux noms de guerre utilisés par un gangster notoire. Il est fiché depuis longtemps dans la base des données des forces de l’ordre. Auteurs et co-auteurs de plusieurs kidnappings et attaques à main armée dans la capitale, il a finalement été arrêté par la police dans la matinée de jeudi dernier, en plein centre-ville, à Analakely. Le plus impressionnant dans son mode opératoire est que Ragodogodona fait usage de fausse carte de presse. Il se fait passer pour un journaliste d’un quotidien de la Capitale pour appâter ses victimes ou encore pour accéder dans des endroits privés. « Son rôle dans le réseau varie entre espion et auteur. Avec sa fausse carte de presse, il recueille des informations non pas journalistiques mais des renseignements sur ses cibles. Il livre après les données à ses compères pour planifier et exécuter les méfaits. Nous avons aussi prouvé ses implications dans plusieurs kidnappings et attaques armées », selon la police nationale. La même source d’indiquer que ce criminel a été le cerveau des attaques en série depuis 2017 et pire encore, il fut déjà membre d’un réseau de kidnappeurs dans les années 90. C’est dire que l’homme est un vétéran en la matière. Son enquête préliminaire pourrait révéler plusieurs noms de bandits ou de gangsters.
Ordre professionnel. Sur un tout autre angle, ce cas est en mesure de remettre sur le tapis l’octroi de la carte de presse professionnelle. Dans un cadre légal, il devrait revenir seulement à l’ordre professionnel de décerner la carte à qui de droit. Les critères de diplômes (Bac + 3 en journalisme/communication) ou d’expériences professionnelles (trois ans sur le tas) sont les normes légales. Seulement, avec l’interférence du gouvernement de l’ancien régime dans ce secteur, l’ordre professionnel n’a jamais pu accomplir cette tâche. Le résultat est tel que plusieurs organes de presse ont décidé de confectionner leur propre carte maison et selon ses préférences. Il n’y a aucune uniformisation de la carte qu’il est devenu facile, très facile d’en falsifier. Et le résultat est là : même un kidnappeur possède une (fausse) carte. L’on sait que le ministère de la communication, dans son contrat-programme, a parmi ses objectifs le désengagement total à l’ordre professionnel des médias. Une bouffée d’oxygène certaine pour une vision de favoriser l’indépendance du métier des journalistes. D’ailleurs, pour les autres corps professionnels, la carte de presse est décerné à qui de droit uniquement et seulement par l’ordre professionnel…
D.R